Essentielles

par Françoise Monnin, Objet Contemporain, hors série, Azart magazine


Essentiel. En s’installant à Paris, en 1988, Madhu Basu commence par peindre le couple, la famille, l’homme. Toujours plus « préhistoriques », ses personnages, expressionnistes au début, adoptent petit à petit des silhouettes simples, des attitudes universelles. Ce qui se transmet et qui demeure, voilà ce qui concerne l’artiste. En 2000, il entreprend une série (inachevée à ce jour), dont le thème est une coupe élémentaire. Sa forme universelle se substitue à la figure humaine, occupant jusqu’alors l’espace de la toile. Madhu Basu est fasciné par cet « objet très simple et familier et en même temps d’une puissance énorme, d’une utilité fondamentale, de la naissance jusqu’à la mort. C’est un élément spirituel à caractère méditatif, indispensable à toute cérémonie ; propre à toutes les civilisations, à toutes les époques. Expression première de la créativité humaine, il correspond à la naissance de la civilisation. Terre, porcelaine ou métal, sa matière a changé, mais sa forme est restée». Allégorie de l’offrande et du repos, cette forme est dessinée d’une manière toujours plus sobre, quasiment monochrome, sur un fond vierge, de toile de coton très épaisse travaillée pour partie en transparence et pour partie en épaisseur qui renvoie au magma originel. Trois ou quatre pigments noirs différents sont mêlés, pour obtenir une « intensité mate, un effet sourd, une puissance forte ». L’artiste a déjà consacré quelques deux cents toiles à ce motif ; autant de variations, qui toutes « font jouer l’imagination et parle de l’évolution ». La nature morte ? Un concept « très européen », étudié certes à l’Ecole des Beaux-Arts de Calcutta, mais absent de la tradition indienne de l’image… Moins que de celle de l’objet, c’est de la nature humaine qu’il est ici question ce qui fait la spécificité de la représentation de l’objet dans la peinture de Madhu Basu.

 

 

 

Textes

 

de Jacques Depauw
de Gérard Xuriguera
de Françoise Monnin

de Christian Noorbergen